Pour son édition du centenaire, le Grand Prix d’Amérique a vu la naissance d’un grand champion. Depuis Pro Patria en 1920, de nombreux champions ont marqué le Grand Prix d’Amérique. Uranie, Roquépine, Bellino II, Ourasi et même plus récemment Ready Cash ou Bold Eagle. Le lauréat du Grand Prix d’Amérique 2020 pourrait suivre les traces de ses glorieux aînés. Son nom: Face Time Bourbon. Au terme d’une magnifique course offerte par Björn Goop, le protégé de Sébastien Guarato s’est toujours retrouvé à proximité des premiers. Dans le sillage de son principal opposant Davidson du Pont dans le dernier tournant, Face Time Bourbon a trouvé le passage dans la ligne droite. Son changement de vitesse est digne de la crème des champions. Le mâle de cinq ans a dominé Davidson du Pont et la tenante du titre Bélina Josselyn. Bold Eagle, double lauréat du Prix d’Amérique 2016 et 2017, n’a pu faire mieux que dixième, presque dans l’anonymat, les projecteurs étant désormais braqués sur la nouvelle coqueluche des courses.
Rapidement au sommet
Le fils de Ready Cash et Vita Bourbon est né le 4 mars 2015 au haras de Saint Martin, à Échauffour dans l’Orne. Acheté 150.000 euros par la Scuderia Bivans en 2016 après une vente des yearlings, Face Time Bourbon se qualifie pour la compétition le 18 mai 2017 en 1’16’’9, un magnifique chrono pour un cheval de deux ans. Le 20 août à Montier-en-Der, le fils de Ready Cash débute presque dans l’anonymat par un succès, associé à son entraîneur Sébastien Guarato. Après trois victoires en autant de sorties, il subit sa première défaite le 29 mai 2018 à Vincennes, étant disqualifié alors qu’il avait gagné la course. Deux mois plus tard, il reprend sa marche en avant, associé pour la première fois à Éric Raffin. À l’occasion de ses débuts au niveau Groupe, c’est Björn Goop qui le drive pour la première fois. Le Suédois s’impose avec lui dans deux Groupes 3 avant de ridiculiser l’opposition dans le championnat d’Europe des trois ans, le premier Groupe 1 de sa carrière. Sa fin d’année est magique avec notamment un sacre dans le Critérium des trois ans, où il assoit encore un peu plus sa domination dans la génération des «F».
Face Time Bourbon domine déjà… Davidson du Pont
Sa saison 2019 ne démarre pas au mieux. Pour la première fois, Face Time Bourbon est véritablement battu dans un Groupe 2 par Falcao de Laurma, déferré des postérieurs pour l’occasion. Le champion va rapidement remettre les pendules à l’heure au cours de l’hiver en obtenant un troisième succès en Groupes 1 à l’occasion du Prix de Sélection. Ce jour-là, il devance un certain Davidson du Pont qui lui rend vingt-cinq mètres. Après deux nouvelles victoires en Groupes 2, ses propriétaires décident de faire l’impasse sur le Critérium des quatre ans en vue du Gran Premio d’Europa (Gr.1) en Italie. Battu par Zacon Gio après un mauvais parcours le 19 mai, le fils de Ready Cash ne va plus connaître la défaite. Après sa victoire dans le Grand Prix de l’UET (Gr.1) en Finlande, beaucoup d’observateurs voient en lui le futur Bold Eagle.
Le nouveau Bold Eagle?
Il lui fallait obtenir son ticket pour l’Amérique à l’occasion du Critérium Continental. Un succès qui n’a pas été de tout repos puisque Campo Bahia lui a donné des sueurs froides. Le ticket pour la belle est obtenu et Face Time Bourbon ne manque pas l’échéance. Il obtient un sixième succès en Groupes 1 et son ratio de victoires atteint dix-neuf sur vingt-deux courses disputées. Après Readly Express en 2018, Björn Goop, lui, s’est offert un deuxième Prix d’Amérique. «Avant de trouver l’ouverture dans la ligne droite, je n’étais pas sûr de gagner. Je ne voulais pas vraiment aller en tête. Face Time est un cheval costaud et talentueux. Je drivais un champion et je ne voulais pas décevoir son entourage.» Sébastien Guarato, son entraîneur, a obtenu un troisième sacre après ceux de Bold Eagle en 2016 et 2017. «C’est tellement un phénomène que j’avais peur de ne pas gagner. Vivid Wise As lui a un peu ouvert la porte. Il a toutes les qualités. C’est la relève de Bold Eagle.»
Un spectacle à couper le souffle, une lutte entre trois grands champions et l’avènement d’un nouveau géant des courses, Vincennes n’a jamais aussi bien porté son surnom de temple du trot.
Sources : Eurosport
Photo : S.C.